Le pirate venait de regagner son antre, après un bref tour sur le pont. Frappé d’insomnie chronique, il avait du mal à dormir plus de quatre heures par nuit. Il regarda quelques instants la fille endormie sur un des matelas, enroulée dans un long pagne, Saida, sa troisième épouse qu’il venait de s’offrir avec une partie de l’argent de sa précédente rançon. Une ravissante vierge de quatorze ans et demi que sa famille lui avait cédée pour cinq mille dollars...
Dans sa hâte de la consommer, il l’avait emmenée dans l’expédition du « Buruh Océan », privilège du chef, mais la laissait enfermée à double tour, afin de ne pas susciter la concupiscence de ses hommes qui, eux, n’avaient pas droit à cette gâterie.
Il se laissa tomber sur le matelas, s’approcha, puis écarta doucement le pagne, dévoilant les jambes de Saida qui se réveilla en sursaut. Croisant le regard luisant de lubricité de son mari, elle comprit immédiatement la raison de sa visite.
D’ailleurs, déjà, il défaisait son pantalon de toile, exhibant un caleçon mauve gonflé par un sexe déjà en érection. Il n’avait pas eu le temps de l’enlever quand, docilement, Saida défit son pagne, apparaissant entièrement nue. Il faisait trop chaud pour porter des dessous et, d’ailleurs, elle n’en mettait jamais. Son nouveau mari tenait à ce qu’elle soit toujours prête à être utilisée.
Sans un mot, elle s’allongea sur le dos, les cuisses déjà ouvertes, prête à se faire saillir. Priant pour qu’il ne soit pas trop brutal. Garda contempla longuement son corps gracile, avec ses petits seins hauts, sa peau mate, luisante de transpiration. Le tangage du chalutier l’excitait. Machinalement, il commença à se masturber à travers son caleçon, sous le regard inquiet de son épouse.
Il n’eut pas le temps de se manueliser longtemps. À vingt-six ans, même en se goinfrant de Khat, il pouvait faire l’amour plusieurs fois par jour. Il fit enfin glisser son caleçon mauve, découvrant le long sexe recourbé comme un cimeterre dont il était très fier. Saida écarta encore plus les cuisses. Garda n’était pas du genre câlin et ignorait même l’existence du clitoris. La plupart des Somaliennes étaient d’ailleurs excisées, ce qui réglait la question... Soudain, en contemplant le triangle de fourrure noire, le jeune pirate eut envie d’autre chose.
— Retourne-toi ! lança-t-il.
Saida obéit sans discuter, se mettant automatiquement à quatre pattes, le visage contre la paroi de la cabine. Garda sentait son cœur cogner contre ses côtes. La vue de cette croupe merveilleusement callipyge lui mettait l’eau à la bouche. Les Somaliennes étaient réputées pour la beauté de leur chute de reins et le grain de leur peau.
Il prit son sexe de la main gauche et tâtonna entre les cuisses disjointes jusqu’à ce qu’il trouve l’ouverture du sexe juvénile. Légèrement humide, mais, hélas, ce n’était pas l’excitation, seulement la transpiration... Il se cala bien et, de toutes ses forces, donna un violent coup de rein en avant, faisant pénétrer son « cimeterre » aux trois quarts dans le ventre de sa très jeune épouse.
Saida poussa un cri bref. L’imposante massue était disproportionnée pour son sexe déjà peu enthousiaste...
Garda n’en eut cure.
Une fois bien abuté, il saisit Saida par les hanches et donna un second coup de rein, afin de faire pénétrer tout son sexe. La jeune femme poussa encore un cri de souris. Avec l’impression d’être ouverte en deux. Garda se retira presque entièrement, et repartit aussitôt à l’assaut. Avec tant de vigueur que, poussée en avant, la tête de Saida heurta la paroi d’acier de la cabine.
Son mari continua de plus belle. Peu à peu, les muqueuses de Saida se dilataient et il la prenait plus facilement. Volontairement, il retenait son plaisir car il avait bien l’intention de terminer sa récréation dans ses reins.
Il adorait être serré à se faire mal.
Maintenant, à chacun de ses coups de reins, la tête de Saida cognait la paroi d’acier avec un bruit sourd, ce dont Garda se moquait. Au contraire, il prenait son élan pour mieux s’enfoncer en elle. Il allait se retirer pour violer enfin ses reins — la première fois, il avait dû la menacer de l’égorger si elle ne se laissait pas faire — quand on tambourina à la porte d’acier.
— On l’a repéré ! cria Ibrahim Issaq.
Garda regarda son sexe raide, rouge et brûlant.
— J’arrive ! cria-t-il.
À la fois joyeux et frustré, il s’enfonça une seule fois dans les reins de sa femme qui hurla de douleur. Il eut quand même le temps de lâcher sa semence, aplatissant Saida sur le matelas et se retirant aussitôt. Le temps de remettre son caleçon et son pantalon de toile, il sortait, prenant le temps de refermer soigneusement la porte de la cabine et de glisser la clef dans une poche secrète de son pantalon.
— Où est Hashi ? demanda-t-il.
— Au pied de la dunette.
— Réveille les autres, je m’occupe de lui.
Le reste de l’équipage et les pirates dormaient dans l’entrepont, au-dessus de la cale. Garda Abdi se dirigea vers la passerelle et aperçut une forme enroulée dans une couverture, d’où ne dépassait qu’un keffieh rose.
Hashi Farah, en dépit de son jeune âge, était déjà un héros des Shebabs, les milices islamistes qui étaient en train de grignoter la Somalie, village après village. Il militait depuis plus de dix ans. Au départ, en 1998, il avait accueilli en Somalie les rescapés de l’équipe d’Al Qaida qui avait fait sauter l’ambassade des États-Unis à Nairobi. Ensuite, grâce à leurs contacts, il avait été combattre en Afghanistan pendant plus d’un an. À son retour, il avait rejoint comme chef la milice d’un des tribunaux islamiques les plus radicaux, Ifka Halane Court.
Se distinguant par sa haine des gaalo. À Mogadiscio, il avait installé un camp d’entraînement dans un ancien cimetière italien dont il avait déterré tous les corps pour les jeter à la mer, afin qu’ils ne souillent pas ce lieu devenu musulman. Garda Abdi le secoua légèrement et il se réveilla en sursaut.
— Inch Allah, mon frère ! annonça le pirate, nous allons accomplir la volonté de Dieu.
Le jeune shebab s’ébroua, écartant la couverture. Il portait une longue tunique blanche avec un pantalon traditionnel, très large, et son torse disparaissait sous les étuis de toile des chargeurs d’AK 47. S’il dormait sur le pont, c’est qu’il souffrait du mal de mer et ne supportait pas de rester dans un espace confiné. Il ramassa sa Kalach, vérifia le pistolet glissé dans sa ceinture et demanda :
— C’est bien le Faina ?
— Viens voir toi-même. C’est affiché sur l’écran.
Spontanément, le shebab étreignit Garda Abdi.
— Tu vois que tu as bien fait de suivre mes conseils ! remarqua-t-il.
— C’est vrai ! reconnut Garda Abdi.
Depuis le début de la piraterie, c’était la première opération « mixte », entre shebabs et pirates. Au départ, les shebabs, dans leur intégrisme, avaient déclaré que la piraterie était un crime contre l’Islam et qu’ils la désapprouvaient. Tout en ne se mêlant pas des opérations menées au Puntland et à Hobyo.
Les pirates établis à Hobyo n’avaient que peu de contacts avec les shebabs, ceux-ci se trouvant beaucoup plus au sud, vers Mogadiscio, à une exception près. À Haradhère, 410 kilomètres au nord de Mogadiscio, et à une centaine de kilomètres au sud d’Hobyo, les shebabs avaient installé une tête de pont et se rendaient fréquemment à Hobyo. C’est ainsi que Garda Abdi et Hashi Farah s’étaient retrouvés. Tous deux membres du clan Darod et de son sous-clan, les Majarteen, ils étaient, en plus, vaguement cousins.
C’est lui qui, un jour, avait fait une proposition à Garda Abdi.
— Nous avons appris qu’un bateau chargé d’armes doit arriver à Mombasa, avait-il expliqué. Grâce à nos contacts à Mombasa, nous sommes en mesure de connaître sa date d’arrivée.
— D’où vient-il ?
— D’Europe. D’Ukraine. Nous aimerions nous emparer des armes légères et des munitions qu’il transporte. Ensuite, vous ferez ce que vous voulez avec le bateau et l’équipage.
Garda Abdi avait réuni ses amis et leur avait soumis la proposition du shebab. Sans beaucoup d’hésitations, ils avaient accepté : même sans sa cargaison, un navire de la taille du Faina pouvait rapporter une très grosse rançon.
Tout le monde était gagnant...
En plus, grâce à l’information donnée par les Shebabs, ils ne perdraient pas de temps.
Voilà comment Hashi Farah et deux de ses hommes s’étaient retrouvés sur le Buruh Océan.
— Viens dans la passerelle, conseilla Garda Abdi. Mes hommes se préparent. Pour le moment, il n’y a rien à faire.
Ils se retrouvèrent quelques instants plus tard devant les écrans de TAIS. Désormais, le Buruh Océan et le MV Faina étaient matérialisés par deux petits triangles qui se rapprochaient l’un de l’autre. En poussant ses machines, le chalutier russe pouvait atteindre vingt nœuds.
Sur le pont, les pirates attendaient, après avoir vérifié leurs armes et leur équipement.
Rien ne se passa pendant plus d’une heure, puis Garda Abdi montra au shebab un point lumineux droit devant eux.
— C’est le Faina ! annonça-t-il. Il ne se trouve plus qu’à cinq miles environ.
Il sortit de la dunette et lança un ordre à ses hommes. Ceux-ci se mirent à haler les deux barques attachées à l’arrière du chalutier, de façon à les mettre à couple avec le Buruh Océan. Ensuite, en utilisant des échelles lancées le long de la coque, la première équipe, avec ses armes et son matériel, prit place dans la première embarcation.